Taureaux, musique et érotisme, exploration en Akakus
1Oued Afar Ce site est situé sur le coté droit de l'oued Afar, dans le sud du massif de l'Akakus, au pied de grandes parois rocheuses. Il comporte deux petites grottes et une grande. Il abrite de nombreuses gravures et peintures. Vue sur l'oued Afar depuis une des grottes.
2Afarrh Les peintures les plus intéressantes montrent des taureaux associés à des figures humaines. Sur cette composition un taureau sans corne (acère) est placé en figure centrale. Il mesure 1,20 m de long. Il est entouré d'une trentaine de personnages. Il est tentant d' interpreter cette composition comme une sorte de cérémonie ou de rituel. On remarque les membres étranges (trop longs ou bizarrement courb�s) des personnages situés dans le bas de la scène.
3Relevé Relevé de la peinture précédente. Une femme touche le taureau au front, une autre au ventre, une autre la queue, un homme lui touche une patte antérieure et plusieurs personnages paraissent sauter par-dessus son dos.
4Taurokathapsie Le saut par-dessus un taureau (Taurokathapsie) était pratiqué en Crête antique comme le montre des fresques de l'âge du bronze. Une mosaïque romaine retrouvée sur la côte nord de la Libye montre également deux hommes pratiquant cette acrobatie.
5Détail du saut. Cette curiosité acrobatique apparait dans différentes cultures, notamment en Inde et en Afrique du Sud. Chez les Hamars, pasteurs du sud de l' Ethiopie, le saut par-dessus des taureaux est un rite pratiqué lors des cérémonies qui marque le passage de l' adolescence au monde adulte.
6 Personnages situés sous le taureau. Peut être une scène de coït?
7Afarrh Peinture enigmatique située juste à coté de la composition du taureau précedente. Le dessin interne est complexe. Certains auteurs l'expliquent comme un dessin d'embryon et spécule sur "la magie de la fécondité". On peut remarquer deux petits animaux peints qui recouvrent partiellement les hachures en bas.
8Afarrh Différents personnages, dont certains en position acrobatique mais non associés au taureau.
9Carte des sites
10Oued Afar Vue sur l'oued Afar.
11Afarrh La plate-forme devant les grottes est équip�e de "chaudrons", témoignage de l'occupation des lieux.
12Afarrh Taureau situé dans la deuxième grotte. On remarque les décorations des pattes arrières et de l'humain situé devant le taureau formées de traits blancs.
13Afarrh Taureau situé dans la même grotte que le précedent. Une figure féminine, avec des seins et des motifs corporels internes blancs, est située sous le taureau. La tête est en partie recouverte par le ventre de celui-ci. L'aire mèditerraèenne est pleine d'exemples où le taureau joue un rôle particulier dans la religion, la véneration ou bien le sacrifice. Age du bronze en Crête, religions de l'Egype ancienne et de la Grèce classique. Les fêtes recentes de combat avec des taureaux (corrida) représente ainsi probablement les vestiges actuels d'un phénomène préhistorique.
14Détail de la figure féminine.
15Afarrh Gravure représentant deux anthropomorphes simplifiés, debout côte à côte. Les lignes profondément incisées à l'origine sont maintenant trés corrodeés.
16Afarrh On trouve dans ces grottes des figures gravées trés corrodées et recouvertes d'une patine épaisse de la même couleur que la roche naturelle. Ce sont des incisions simples qui prévalent. Le style diffère des gravures bubalines. Elles sont considérées par certains auteurs comme faisant partie des représentations les plus anciennes connues jusqu'à présent dans l'art rupestre du Sahara, antérieures aux gravures bubalines et aux peintures têtes rondes.
17Iyeyen Un peu avant le site d'Iyeyen Rissa, notre guide, nous montre son emplacement principal de campement lorsqu'il était encore nomade. Il a passé une grande partie de sa vie dans ces lieux qu'il connait comme sa poche.
18Iyeyen Troupeau de vaches. On devine en dessous des peintures plus anciennes. Les pis des vaches sont bien en évidence.
19Iyeyen Taureau sans corne (acère).
20Taureau avec de superbes cornes. Un grand nombre de repr"sentations de bovinés sont des boeufs ou des taureaux. Il est possible que ces animaux représentaient une sorte de prestige individuel et collectif, comme c'est le cas aujourd'hui chez les Peuls Wodabe vis à vis de leurs zebus et des Touaregs de leurs chameaux.
21Ti-n-Ascigh Le site de Ti-n-Ascigh est connu pour ces gravures de grandes dimensions de l' école du bubalin naturaliste : girafes, rhinocéros et bubale. Il abrite aussi quelques peintures intéressantes.
22Ti-n-Ascigh. Oued Senaddar. Groupe de sept personnages, vraisembablement des musiciens, une sorte d'orchestre de chambre. la scène mesure 37 cm de large. Un "choeur" formé de 3 personnages est assis face à un quatrième. Ils ont des têtes bâtonnets surmontées de coiffes blanches . Les trois soulèvent le bras droit comme pour marquer la cadence. En face d'eux un personnage, dont la tête possède une sorte de museau, joue du luth. Un autre personnage joue d'un instrument énigmatique en forme de U. Ce pourrait être un instrument à vent tenu à bout de bras.
23Ti-n-Ascigh. Oued Senaddar. Deux personnages semblables à ceux de la scène précédente. D'après les vétements l'un serait une femme l'autre un homme. Ils se font face et font des gestes avec leurs bras comme s'ils parlaient ou chantaient. Ils sont typiques de la période caballine.
24Ti-n-Anneuin. Oued Senaddar. Vue générale du site. C'est un petit abri dont les parois sont couvertes de peintures. La majorité appartiennent aux époques caballine et caméline.
25Ti-n-Anneuin. Oued Senaddar. Sur la gauche de la paroi un petit personnage semble jouer du luth. l'intrument est suspendu au cou du personnage par une bandoulière. Sur le manche on distingue deux points qui représentent des clés servant à tendre les cordes. Le musicien soulève une jambe. Est ce qu'il danse où bat il la mesure? Un personnage lui fait face, probablement une femme qui danse.
26Ti-n-Anneuin. Oued Senaddar. Autre scène de musique sur la même paroi qui rassembles huit figures assises en cercle. Le personnage inférieur tient à bout de bras un instrument en U semblable à celui de Ti-n-Ascigh. Un homme derrière lui élève un objet, peut être un autre instrument. Un personnage central, trés effacé, manipule un objet en forme de jarre. Peut être un tambour ou bien alors se sert il à boire à la jarre, c'est la fête.
27Ti-Iyerdin. Massif de l'Aouis. Au nord de l'Akakus, proche de l'Aouis, un abri de l'oued Ti-Iyerdin (la vallée des ânes) est décoré par une composition qui met aux prises des personnages emplumés qui sont figurés avec tête de chien au museau particulièrement éffilé. Presque toutes les têtes sont ornés de plumes. Les armes sont variées, arcs et javelots. Deux personnages portent en bouche de longs instruments évasés.
28Ti-Iyerdin. Massif de l'Aouis. Les instruments sont peut être des trompettes. Des franges décoratives pendent de l'une d'elles. Le contexte belliqueux et les armes suggèrent qu'ici on a faire à des trompettes guerrières.
29In Eidi Le grand surplomb du site d' In Eidi abrite des peintures qui s'étendent sur une longue période. Des plus anciennes il ne reste que quelques traces de colorant. Sur ces vestiges on distingue des restes de la période des pasteurs, des figures typiques des périodes caballines et camélines leur sont supperposées.
30In Eidi Cette scène montre 5 personnages, probablement des musiciens et des danseurs. A droite un personnage représenté de profil, avec une superbe coiffe en plumes, est assis sur un petit tabouret. Il tient dans sa main ce qui pourrait être un tambourin. Les trois personnages du haut représentent des femmes debout. Elles tiennent toutes un objet blanc qui pourrait être une crécelle. La femme de gauche est supperposée à un boviné plus ancien avec des cornes en forme de lyre. Les détails des costumes et des coiffures sont remarquablement représentés.
31In Eidi Détail de la scène précédente: le joueur de tambourin.
32Ti-n-Lalan. Le site de Ti-n-Lalan présente une concentration spectaculaire de gravures érotiques.
Les images érotiques sont assez fréquentes au Sahara. Les explications le plus souvent évoquées par les auteurs sont celles d'un culte de la "fertilité", voire d'un culte phallique. Mais le plus souvent ces images ont été passées sous silence. Encore maintenant les publications illustrées sont rares, les éditeurs réticents, les auteurs s'auto-censurent. (J.L. Le Quellec).
33Ti-n-Lalan. Le groupe centrale des figures érotiques comprend un homme-chacal en coït avec une femme. Un autre couple est composé d' un homme accroupi, présenté de face,; le gland de son pénis est en même temps la tête d'une figure humaine. Le troisième couple représente un homme qui marche en coït avec une femme. L'homme qui marche n'est manifestement pas en position de coït. Son pénis hypertrophié est piqueté grossièrement, d'une manière diff"rente du reste de la gravure. Il semble avoir été rajouté postèrieurement et dater de la même époque que la femme ouverte qui lui est associé.
34Relevé du groupe central. Les figures féminines ou masculines présentées de face, en position plus ou moins accroupie, exposant leur sexe sont un cas particulier des représentations érotiques. Les figures féminines sont connues sous le nom de "femmes ouvertes". Les figures masculines sont parfois dénommées "figure de Bes" ou "figure en postion de Bes" du nom du dieu égyptien représenté dans une position semblable
35Djenoun On peut voir un "Djenoun" comme un personnage vu de face, dont la tête est surmontée de deux hautes oreilles . La représentation est mégaphalliques (plutôt qu'ithyphallique qui signifie en érection), ici la verge est pendante.
36Détail de la figure centrale Une femme nue mais richement parée de colliers et bracellets, couchée sur le dos, s' offre à un anthropomorphe à tête de chacal et petite queue rebiquée, arborant un sexe disproportionné. Ce personnage n' est pas un chasseur masqué mais plutôt une divinité ou un génie à tête animale et corps humain. Ces génies ou divinités ithyphalliques mi-hommes mi-chacals sont associées à l' id"e de fécondité et l'accouplement sacré participe au grand mouvement de l' univers qui assure le maintien de la vie.
37Ti-n-Lalan. La femme en gros plan. Cette association bizarre : chacal-fécondit�-fertilité s' est maintenue jusqu' à nos jours dans les régions du Maghreb et du Sahara. L'arc en ciel est appelé "la fiancée de la pluie". L'explication de ce phénomène météorologique appartient aux croyance et rites berbères relatifs à la pluie fécondante, condition de la prospérité des troupeaux. L'apparition de l' arc en ciel est dénommé dans tout le monde berbère "les noces du chacal". Il est possible que l'image rupestre de Ti-n-Lalan, réalisée à une période où la sécheresse croissante devenait inquiétante, ait été destinée à illustrer de telles noces fécondantes, annonciatrices de pluies et garantes de fertilité, dans une assiciation symbolique faisant résulter la pluie de l'éjaculation d'un être surréel.
38Ti-n-Lalan. Autre gravure érotique du site, un théromorphe (homme-chat) représenté avec un pénis hypertrophié en coït avec une femme couchée. Depuis que l' homme a quitté le monde des quadrupèdes en se mettant debout, il voit le sexe de l' autre et il montre le sien. L'érection est la manifestation la plus visible de la sexualité de l' homme, son extèriosisation la plus marquante. Elle est encore bien plus, condition de l' accouplement et garante de la perpétuation de l' espèce. Elle apparaït dans tous les groupes humains, depuis la nuit des temps comme l' un des premiers symboles de la vie. (J.L. Le Quellec).
39RRelevé de la gravure précédente. Si le denier millénaire a freiné, voire réprimé, la représentation de l' homme et de ses Dieux en érection, il n' en était rien auparavent, et les images les plus anciennes laissées par les hommes du passé comportent des représentations ityphalliques. (J.L. Le Quellec).
40Ti-n-Lalan. Détail de l'homme chat au sexe hypertrophié.
41Autre homme-chat Sources :
"SAHARA. Histoire de l'art rupestre libyen", Jan Jelinek, 2005. " Le "djenoun" definition et aire de répartition" Sahara N°8, CHOPPY J. & B., 1996 " Le chacal de Ti-n-Affelfelen (Ahaggar, Algérie) ", Sahara, N°9, CAMPS G., 1997 " La musique de luth et de trompe dans les peintures tassiliennes ", Sahara, N°7, VIALLET L.N., 1995. " Scènes de taurokathapsia au Sahara central ", LE QUELLEC J.L., 1993.