Remonter l' histoire de l' homme dans le temps, redécouvrir et analyser sa production artistique, tirer des enseignements et des suggestions nous permet de grandir, d' évoluer. Cela signifie aussi retrouver les traces primitives d' une iconographie et d' un graphisme qui sont encore la base de notre culture contemporaine. (Henry de Lumley).
Les militaires prennent ensuite le relais des explorateurs. Liées à la conquête militaire, les découvertes ont lieu à partir des centres de culture (Iherir, Illizi, Djanet ...). Les premiers relevés des sites majeurs du Tassili (oued Djerat, plateau du Medak) sont l' oeuvre du lieutenant Brenans. Il eut le mérite d' alerter les scientifiques (notamment Maurice Reygasse et l' abbé Breuil). Il fit connaître à Henri Lhote les sites qu' il avait repéré sur le plateau, notamment celui de Jabbaren. Il fut le premier à pressentir l'exitence d' un véritable art saharien. Ce fut peut être lui qui eut l' idée d' une campagne systématique de relevés des fresques du Tassili, idée reprise à sa mort par henri Lhote. Entre temps, une ethnologue suisse, Yolande Tschudi, effectue plusieurs relevés qu 'elle publie en 1956 avec une des premières tentatives de classification chronologique des oeuvres. Grâce aux croquis du lieutenant Brenans et à l' ouvrage de Yolande Tschudi l' idée que le Sahara central constitue un ensemble rupestre riche se dessine.
Pourquoi l'art rupestre?
L' art rupestre est rarement gratuit (l' art pour l' art). Il traduit toujours une volonté de créer une image durable et d' influer sur le cours des choses. Il semble évident que les pasteurs sahariens ne se sont pas contentés de représenter des scènes de la vie quotidienne, mais qu'une grande partie de leur art rupestre a un contenu religieux. La motivation première a dû être la nécessité d' une communication, avec les autres membres du groupe ou avec des entités surnaturelles, divinités ou esprits. L' étude de l' art rupestre que pratiquent encore de nos jours des peuples que l' ont qualifie à tort de "primitifs", montre une grande diversité et une extraordinaire complexité. Les interprétations fournies par les initiés des cultures contemporaines démontrent l' impossiblité de deviner le sens des figures lorsque la tradition qui les a engendrées est perdue. Les images ne parlent pas par elles-mêmes.
On peut imaginer un extra terrestre arrivant sur terre après la catastrophe nucléaire, découvrant dans tous les villages des sortes de temples avec des images représentant un homme sanguinolant cloué sur une croix. Il aurait du mal à reconstituer une religion où le dieu est amour !!